Le Conseil national a nettement refusé de soutenir l’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse ». Après ce vote qui a démontré la discipline quasi stalinienne de tous les groupes politiques, il convient de regarder de plus près de quoi il en retourne.
L’initiative en bref
Contrairement aux idées reçues, cette initiative n’a pas pour vocation de stopper l’arrivée d’étrangers dans notre pays. Le but n’est pas de mettre un terme à l’immigration – ce qui serait d’ailleurs de mauvaise augure pour l’avenir de notre pays – mais bien de pouvoir à nouveau contrôler qui rentre sur le territoire helvétique.
L’initiative contre l’immigration de masse ne s’attaque ainsi pas à la notion d’immigration, mais bien à la notion de masse. La raison qui a amené cette demande est le fait que les accords récemment signés avec l’Union Européenne ont empêché à la Suisse d’avoir son mot à dire en matière d’immigration. Tant que certaines clauses européennes sont respectées, il est impossible pour nos autorités de refuser une personne sur notre territoire. C’est pour cela que le solde migratoire est de 80’000 personnes par an. Soit l’équivalent de la ville de Saint-Gall.
Cet automatisme génère son lot de problèmes, et l’initiative veut y remédier.
Son but premier est ainsi formulé:
Art. 121a al. 1 Cst (nouveau): La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers.
De cette manière, les normes légales régissant l’entrée en Suisse seraient gérées par nos autorités plutôt que par des traités internationaux. Cette modification donnerait assurément plus de souplesse au législateur suisse en matière d’immigration.
La suite du texte de l’initiative concerne les modalités d’application. Il s’agit de revenir au système des contingents, comme c’était le cas il y a quelques années. Chaque année, les autorités suisses décideraient combien de personnes notre pays peut accueillir, en fonction des réalités sociales et économiques du moment. Admettons qu’un tel système semble plus juste qu’un permission automatique, accordée indépendamment de toute réalité sur le terrain.
Une opposition désolante
Le texte s’est malheureusement frotté à une forte opposition politique, parfois purement idéologique.
Pour Alain Ribaux du PLR, il est « vain, creux et passéiste » d’espérer que la Suisse puisse gérer de manière autonome l’immigration des étrangers dans ses frontières. Comprenez pas là que la souveraineté de notre pays ne saurait atteindre des sujets aussi importants que cela!
Est-il vraiment passéiste de revendiquer l’indépendance pour des décisions essentielles? Est-ce vain de vouloir que ce soient nos politiciens choisis par le peuple qui décident de l’ordre juridique suisse, et pas les élites non-élues de la camarilla européenne?
Pas de conséquences négatives pour notre économie
D’autres orateurs sont montés à la tribune pour tenter de démontrer le danger que l’initiative de l’UDC représente pour notre économie.
La Fribourgeoise Christine Bulliard (PDC) s’interroge d’ailleurs: « Comment allons-nous expliquer au monde agricole, à la construction, à la restauration ou aux hôpitaux qu’ils n’ont droit qu’à un certain quota? »
Ces inquiétudes ne sont cependant pas du tout justifiées: les contingents fixés pour les étrangers exerçant une activité lucrative « doivent être fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse », prévoit l’initiative. La demande d’un employeur sera par ailleurs un critère déterminant.
Une seule conclusion
La conclusion est simple. Il faudra se rendre aux urnes et soutenir ce projet lorsqu’il sera soumis au vote. Pour l’indépendance de notre pays, pour la souveraineté de notre Etat fédéral, pour l’efficacité économique et pour le bien-être de tous les résidents, Suisses comme étrangers.
Par Yohan Ziehli
Président JUDC Vaud
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